Donald Trump, à nouveau élu président des États-Unis pour la seconde fois, va, dès son arrivée à la Maison-Blanche, devoir se pencher sur les conflits mondiaux actuels. La guerre en Ukraine sera évidemment au cœur du débat à Washington. Toutefois, Donald Trump peut-il mettre un terme au conflit russo-ukrainien ?
Récapitulatif
La Russie et l’Ukraine partagent une histoire commune. L’Ukraine était, jusqu’en 1991, une république soviétique faisant partie de l’Union soviétique. Comme un grand nombre d’États soviétiques, l’Ukraine a, dès les années 2000, souhaité se rapprocher de l’Occident et notamment de l’OTAN. Ce rapprochement a été très mal vu par Moscou et notamment Vladimir Poutine. Les tensions atteignent un autre degré en 2014 lorsque la Russie annexe la Crimée, essentiellement peuplée de russophones, après avoir organisé un référendum pourtant contesté par la communauté internationale. Des insurrections ont par la suite eu lieu dans les régions de Donetsk et de Louhansk, dans le Donbas, qui s’autoproclament « républiques populaires ». Le Kremlin sera régulièrement accusé de fournir des armes aux indépendantistes. Ces insurrections mèneront aux accords de Minsk en 2015, censés apaiser les tensions. Malgré tout, des combats continuent d’avoir lieu dans ces régions. La Russie sera ensuite accusée, en avril 2021, de rassembler des troupes à la frontière ukrainienne. Enfin, le 21 février 2022, la Russie reconnaît l’indépendance des régions du Donbass et y fait entrer l’armée russe. Le 24 février, Poutine annonce le lancement d’une opération spéciale en Ukraine dans le but de « dénazifier et démilitariser » le pays.
Depuis, le conflit s’est enlisé. Les troupes russes ne parviennent pas à pénétrer les défenses ukrainiennes et les troupes ukrainiennes ne parviennent pas non plus à faire reculer l’offensive russe. L’Ukraine a vu, depuis le début du conflit, son budget militaire augmenter de près de 640 %. Le pays a également reçu des soutiens importants des États-Unis et de l’Union européenne, son plus grand soutien financier, qui lui a donné, depuis le début du conflit, 143 milliards de dollars. Le pays a également reçu de la part d’un grand nombre de pays des armes et des drones venant notamment des États-Unis, mais également de la France, du Royaume-Uni et de l’Allemagne. Joe Biden a également autorisé les troupes ukrainiennes à frapper le territoire russe avec des missiles américains.
Au niveau humain, le conflit a passé le cap symbolique du million de morts et blessés. Les pertes militaires russes seraient de 200 000 hommes tués et près de 400 000 blessés. L’Ukraine fait également état de près de 400 000 blessés. Plus de 11 000 civils ukrainiens ont également été tués durant le conflit. Plus de 10 millions de personnes ont, par ailleurs, été contraintes de fuir leurs domiciles et près de 6,4 millions d’entre elles ont également fui le pays.
Vladimir Poutine, quant à lui, commence à s’impatienter. Ce conflit, qu’il avait décrit comme une « guerre éclair » il y a deux ans, s’enlise aujourd’hui, et la Russie contrôle seulement près de 18 % de l’Ukraine (la Russie possédait déjà 7 % du pays avant le conflit). Le président russe est également agacé par le soutien militaire dont bénéficie l’Ukraine depuis le début du conflit par les puissances occidentales, dont certaines, comme les États-Unis ou encore le Royaume-Uni, qui ont autorisé à frapper la Russie avec leurs missiles (la France réfléchit toujours à donner son autorisation). Poutine accuse ainsi l’Occident d’avoir transformé ce conflit local en un conflit mondial. Face à cela, Vladimir Poutine a signé, il y a quelques jours, un décret permettant, en théorie, un recours plus large aux armes nucléaires, faisant ainsi à nouveau planer la menace. Il s’était déjà dit ouvert à l’idée pendant le conflit. Toutefois, l’utilisation de l’arme atomique a très peu de chances d’aboutir face aux conséquences que celle-ci pourrait avoir et surtout parce que la Russie ne serait pas soutenue dans cette manœuvre par la Chine. En effet, le ministère des Affaires étrangères chinoises avait déclaré, en février 2023, que « Toutes les parties doivent soutenir la Russie et l’Ukraine pour travailler dans la même direction et reprendre le dialogue direct aussi vite que possible » et que « L’arme nucléaire ne doit pas être utilisée et il ne faut pas se livrer à une guerre nucléaire. Il faut s’opposer à la menace ou au recours à l’arme nucléaire ».
Quelle est la place de Trump ?
Donald Trump a, durant tout le long de sa campagne, martelé que s’il avait été au pouvoir, ce conflit n’existerait pas. Donald Trump a rapidement téléphoné au président ukrainien Zelensky avec notamment la présence d’Elon Musk. Le président ukrainien s’était dit sur X impatient à l’idée de travailler avec le président américain élu. Donald Trump avait quant à lui affirmé qu’il entretenait une excellente relation avec le président ukrainien, mais également avec Vladimir Poutine. En effet, on sait depuis le premier mandat de Trump que ce dernier entretient d’excellentes relations avec le président russe. Des sources proches de Mar-a-Lago, la résidence de Trump, affirment que ce dernier s’est également entretenu avec Poutine. Trump aurait demandé à son homologue russe de ne pas faire escalader le conflit. Le président élu compte ainsi sur son amitié avec Poutine pour faciliter les choses.
Trump aimerait ainsi obtenir un cessez-le-feu dans la région. Toutefois, l’Ukraine ne serait pas maître d’avoir le dernier mot et ferait office de petit poucet à la table des négociations. Bryan Lanza, un contractant de la campagne de Trump, avait déclaré que l’Ukraine ne pourrait pas se présenter à la table des négociations en exigeant la Crimée, affirmant qu’elle ne serait pas prise au sérieux. En effet, Trump et ses alliés voudraient que l’Ukraine se concentre plus sur la paix et non pas sur le territoire. Une idée impliquant le fait que l’Ukraine perdrait ainsi les régions du Donbas. À voir comment Zelensky réagira à une telle proposition, lui qui clame depuis le début de la guerre que ses territoires sont ukrainiens.
Et dans les faits ?
Malgré ces déclarations et ces promesses, il ne faut pas oublier que ces paroles ont été tenues durant une campagne présidentielle. Donald Trump n’avait alors pas de connaissances approfondies du sujet lors du conflit et cherchait surtout à convaincre les Américains qu’il était l’homme de la situation. On ne pourra sûrement se faire une idée de la capacité de Trump à régler la situation qu’après ses 100 premiers jours à la Maison Blanche.
Toutefois, Donald Trump, comme bon nombre de politiciens, n’a pas toujours su concrétiser les promesses qu’il avait faites en campagne. En 2016, par exemple, il avait promis qu’il réduirait voire éliminerait la dette nationale de 19 000 milliards de dollars sur une période de huit ans. La dette nationale aura, au cours de son mandat, augmenté de près de 7 800 milliards de dollars, atteignant un total de près de 28 000 milliards de dollars en janvier 2021. À l’échelle internationale, il avait également promis aux Américains de construire un mur entre les États-Unis et le Mexique et que celui-ci serait financé par le Mexique. Cette promesse, qui était le pilier de sa campagne, n’a pas été tenue. Bien que des sections du mur aient bien été rénovées et construites, le financement a été largement assuré par les contribuables américains, et non par le Mexique. De plus, à la fin de son mandat, seulement une fraction du mur promis avait été achevée.
À l’échelle internationale toujours, Trump avait assuré qu’il parviendrait à un accord pour dénucléariser la Corée du Nord et mettre fin à la menace nucléaire. Toutefois, malgré plusieurs sommets avec Kim Jong-un, aucun accord concret n’a été signé pour réduire ou éliminer les armes nucléaires nord-coréennes. Au contraire, la Corée du Nord a même continué à développer ses capacités nucléaires et a mené de nouveaux tests de missiles.
Cependant, Donald Trump a également su taper du poing sur la table à l’international au cours de son mandat. Il s’était notamment engagé à quitter les accords de Paris, ce qu’il fit dès son arrivée à la Maison Blanche en 2017. Trump s’était également engagé à reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël et à y déplacer l’ambassade américaine, ce qu’il fit en mai 2018 après avoir reconnu Jérusalem comme capitale en décembre 2017.
Trump a également su mettre des leaders politiques étrangers sous pression, et notamment l’Iran. Trump a promis de se retirer de l’Accord sur le nucléaire iranien (JCPOA), qu’il considérait comme inefficace. En mai 2018, les États-Unis se sont donc retirés de l’accord et ont réintroduit des sanctions économiques strictes contre l’Iran dans une politique surnommée la “campagne de pression maximale.”
Trump sera aussi plus enclin à discuter avec Vladimir Poutine, qui entretient depuis son accession au pouvoir des rapports souvent cordiaux avec les Républicains. On ne peut cependant pour l’heure pas affirmer que Trump sera en mesure d’intimider Poutine. L’histoire entre les deux pays et le fait qu’ils se sont retrouvés très proches d’une confrontation directe à plusieurs reprises fait que la diplomatie sera la seule option que pourra utiliser le président élu. Trump devra également trouver les bons mots pour convaincre Zelensky d’abandonner certains territoires ukrainiens à la Russie après plus de 2 ans de combats.
Si l’histoire nous a appris une chose, c’est que les grands leaders sont souvent jugés sur leur capacité à agir dans les moments les plus sombres. Donald Trump se trouve à une croisée des chemins, et ses décisions auront des répercussions qui dépasseront de loin son mandat. Qu’il parvienne ou non à résoudre ce conflit, la gestion de ce conflit, à coup sûr, sera un test ultime de son leadership et de celui des États-Unis dans les années à venir.