Donald Trump a récemment annoncé ses ambitions vis-à-vis de la bande de Gaza. Alors que le conflit entre Israël et le Hamas s’enlise, le président américain, qui avait juré de mettre un terme à la guerre, a proposé que la région passe sous pavillon américain.
1/ La volonté de Trump
Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a eu le temps de se pencher sur plusieurs sujets brûlants, notamment Gaza. Le 4 février 2025, lors d’une conférence de presse conjointe à la Maison-Blanche avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, le président américain a proposé que les États-Unis « prennent le contrôle » de la bande de Gaza. L’idée serait que Gaza devienne la nouvelle Côte d’Azur du Moyen-Orient. Cela renforcerait la position américaine dans la région tout en permettant à Israël de compter sur un allié territorial majeur.

Concernant la population palestinienne, Donald Trump compte sur les pays arabes voisins pour les accueillir.
La question qui se pose désormais est de savoir comment les États-Unis pourraient prendre le contrôle de Gaza.
La première option serait un achat. Chaque fois que les États-Unis ont eu des ambitions expansionnistes au cours de leur histoire, ils ont entrepris des démarches afin d’acheter ces territoires, comme l’Alaska acheté à la Russie en 1867 ou, plus récemment, les propositions faites au Danemark pour l’achat du Groenland. Toutefois, aujourd’hui, cette option semble inimaginable. D’abord, parce qu’il n’y a personne avec qui négocier. Le Hamas, à la tête de Gaza, n’accepterait jamais de s’asseoir à la table des négociations avec Trump. Cela irait à l’encontre de leurs convictions, sachant à quel point les États-Unis représentent tout ce que le Hamas combat.

L’autre option sur la table, et la plus sérieuse, serait une intervention militaire. Trump n’a d’ailleurs pas exclu l’utilisation de l’armée américaine pour réaliser ce projet lors de sa conférence de presse. Les États-Unis pourraient assez aisément renverser le Hamas si leur armée entrait officiellement dans le conflit. La question serait alors de savoir quel sort serait réservé à la population palestinienne.
2/ quelles conséquences humaines ?
L’acquisition de la bande de Gaza par les États-Unis entraînerait une nouvelle « nakba ». Ce terme fait référence aux événements de 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont été déplacés à la suite de la création de l’État d’Israël. Donald Trump a affirmé que la population palestinienne serait forcée d’immigrer dans les pays arabes voisins.

Le problème ? Les pays arabes voisins ne veulent pas de cette immigration de masse sur leurs terres. Le conflit qui oppose Palestiniens et Israéliens dure maintenant depuis 1948. Les Palestiniens, devant fuir, se retrouveraient en grande majorité forcés à vivre dans des camps de réfugiés pour survivre dans ces nouveaux pays.
Plusieurs raisons expliquent cette réticence des pays arabes voisins. La première est la crainte d’avoir un État dans un État. Il existe une peur que les Palestiniens ne parviennent pas à s’intégrer dans ces pays qui ne sont pas les leurs. La Jordanie, en 1970, avait mené la répression du Septembre Noir contre l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) après que celle-ci ait contesté son autorité. La crainte actuelle est de voir une nouvelle OLP s’imposer dans ces pays.
Pour d’autres pays, comme la Jordanie, c’est l’économie qui freinerait une possible immigration. Le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Safadi, a déclaré que la Jordanie, dont 35 % de la population est déjà composée de réfugiés, ne peut pas accueillir davantage de Palestiniens. Une arrivée massive du peuple palestinien aggraverait le chômage dans la région, créant un climat politique instable. De plus, les pays arabes ne disposent pas des infrastructures nécessaires qu’un tel exode exigerait, ce qui condamnerait les Palestiniens à vivre dans des conditions précaires.

Enfin, les pays arabes soutiennent la création d’un État palestinien. L’arrivée massive de Palestiniens sur leur territoire fragiliserait leur cause commune visant à faire reconnaître cet État.
3/quelles conséquences à l’international ?
Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien, a qualifié la proposition de Trump de « révolutionnaire et créative », affirmant qu’Israël serait prêt à collaborer pour sa mise en œuvre. Pour Israël, la présence des États-Unis à Gaza permettrait de réduire la pression que subit le pays depuis 1948. Israël jouirait ainsi enfin d’un allié de poids, d’autant plus qu’il s’agit des États-Unis, première puissance mondiale.
Les pays arabes de la région se sont, quant à eux, opposés à un tel scénario. L’Égypte, notamment, via son président Abdel Fattah al-Sissi, a rappelé que Gaza devrait être entièrement reconstruit sans déplacement de la population palestinienne. La Jordanie s’est également opposée à ce plan, le jugeant trop propice à une augmentation des tensions dans la région.

Le principal concurrent des États-Unis, la Chine, s’est également opposé à cette déclaration du président américain, avançant que la question palestinienne devrait être résolue par le biais de négociations multilatérales et dans le respect des droits des Palestiniens. La Russie a également exprimé son opposition à cette possibilité.
La France, quant à elle, a aussi rejeté un contrôle américain de Gaza, qualifiant la proposition de « violation grave du droit international ».
Donald Trump poursuit ainsi sa politique expansionniste avec cette nouvelle déclaration. Cependant, il semble difficilement envisageable de voir les États-Unis prendre le contrôle de Gaza. S’ils peuvent s’appuyer sur leur statut de première puissance mondiale ainsi que sur l’influence de leur président pour se faire entendre, ils n’ont qu’une seule option possible : l’invasion militaire.

Une intervention militaire serait toutefois une manœuvre extrêmement risquée pour les États-Unis. Cela renforcerait d’abord les tensions dans la région. Le Hamas gagnerait en crédibilité et en influence en montrant que l’Occident, incarné par les États-Unis, s’en prend à nouveau à Gaza.
De plus, les États-Unis se fragiliseraient grandement sur la scène internationale. Ils verraient la grande majorité des puissances mondiales s’opposer à cette intervention, y compris leurs plus proches alliés comme la France, le Royaume-Uni ou encore l’Égypte. Par ailleurs, cela donnerait à la Chine et à la Russie une justification pour poursuivre leurs propres politiques expansionnistes. La Russie légitimerait la poursuite des combats en Ukraine, et la Chine l’invasion de Taïwan, si les États-Unis venaient à prendre le contrôle de Gaza.

Malgré toutes les oppositions à ces plans, les États-Unis pourraient toutefois poursuivre cette option. L’opinion mondiale ne les avait déjà pas arrêtés en 2003 lors de l’invasion de l’Irak. Avec Donald Trump au pouvoir, la question de savoir si les États-Unis fermeront à nouveau les yeux face à ces menaces mérite d’être posée. Les conséquences de l’intervention américaine en Irak, tant sur le plan humain que géopolitique, ont été nombreuses. Le Moyen-Orient et des pays comme l’Irak ou la Syrie ne s’en sont jamais remis, et le terrorisme a connu son âge d’or. Une nouvelle question à se poser maintenant est la suivante: Les États-Unis ont-ils appris de leurs erreurs ou sont-ils prêts à les répéter ? Difficile à dire.

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